Les emprunts russes

Les emprunts russes, l’histoire résumée.

La France et la Russie s’allient

Dans les années 1880, la France, battue en 1870 face aux Prussiens, souhaite des alliés puissants et se rapproche de la Russie.

Les premiers emprunts russes sont émis à Paris fin 1888, pour 500 millions de francs à 4 % d’intérêts.

Il remporte un succès considérable et finance des milliers de kilomètres de voies ferrées, notamment celles du Transsibérien, des industries chimiques et minières.

Une alliance franco-russe est conclue en 1892, le président Félix Faure invite à Paris le tsar Nicolas II en 1896 et rend à Moscou une visite officielle l’année suivante. 

Jusqu’en 1914, soit pendant près de trente ans, l’État français incite les épargnants à souscrire aux emprunts russes 

« Prêter à la Russie, c’est prêter à la France ! » assurent les annonces officielles faites dans la presse.

Si les taux d’intérêts sont intéressants pour les souscripteurs, l’affaire est excellente aussi pour les banques qui prennent leurs commissions. Entre 1888 et 1914, le Crédit lyonnais aurait réalisé 30 % de ses profits grâce aux emprunts russes.

Personne ne se méfie, même si la Russie est alors le pays le plus endetté d’Europe, car les coupons d’intérêts sont régulièrement payés aux souscripteurs, y compris au début de la guerre.

C’est la révolution bolchévique d’octobre 1917 qui abat le système 

La nouvelle République soviétique de Russie décide fin 1917 de ne rembourser aucune des dettes de l’ancien Empire russe.

C’est une catastrophe pour un nombre considérable de Français, pas forcément aisés ! 

Comme le système de retraites n’existait pas encore, souscrire à un emprunt d’État permettait de recevoir chaque mois une rente en échange du petit pécule placé. L’inflation de l’entre-deux-guerres achèvera de les ruiner. 

Les emprunts russes, c’est bel et bien fini !

La Cour de cassation a brisé le dernier mince espoir des porteurs d’emprunts russes de se faire, un jour, rembourser une partie de l’épargne de leurs aïeux.

La chambre civile de la plus haute juridiction a en effet estimé, dans un arrêt du 6 novembre 2019, que la justice française n’était pas compétente pour contraindre la Russie à exercer sa garantie au profit des épargnants français.

Une décision prise au nom de la souveraineté d’un pays étranger sur laquelle un juge français ne peut interférer. 

Les Français lésés ne sont pas pour autant privés de justice, car ils peuvent saisir la justice russe « dont le manque d’indépendance et d’impartialité ne peut être présumé ». 

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